Une vie de soldat français vaut-elle plus qu’une vie d’enfant afghan ?
Soldats français morts à la guerre en Afghanistan. La presse se déchaîne. Familles en pleurs à la télé, Président en déplacement sur le terrain avec presse embarquée. 10 soldats morts et quelques jours plus tard 50 enfants de moins de 15 ans morts sous les tirs des forces de la coalition. 50 enfants morts sur la même terre que nos soldats et pas un mot dans la presse. Juste quelques brèves en quatre lignes du bout des lèvres. Pas de visite présidentielle pour les gosses, pas de gros titre ni de photos des mères en pleurs.
Cela se passait dans le village d’Azizabad dans le district de Shindand. Le 21 août, les forces de la coalition sous direction américaine cherchaient visiblement à venger la mort des soldats en tirant sur les terres où se réfugient les talibans. Frappe aérienne. Frappe chirurgicale.
50 enfants morts. Bouclier humain dévasté. Quelques talibans tués sous les cadavres de jeunes enfants.
Je n’arrive pas à comprendre ce silence. Monsieur Kouchner n’entend-il pas ces cris de mères afghanes en pleurs ? Pourquoi la presse ne fait-elle pas son boulot en titrant à la une que des civils sont tués par nos soldats ? Certes 10 soldats français sont morts mais 50 gosses ont péris de nos mains à nous occidentaux, nous qui acceptons ce silence ! 50 être humains qui ne s’étaient pas engagés aux dangers de la guerre, qui ne servaient pas leur patrie, qui ne touchaient pas d’argent du gouvernement. 50 êtres innocents ont explosé en pleine enfance sous le tir de nos avions et nous n’en parlons pas !!!!
Alors que le président afghan Hamid Karzaï renvoyait le général chargé de cette frappe pour « négligence », Nathan Perry, porte parole de la coalition avouait ne pas avoir d’info précise mais ouvrait une enquête...
Etrange comme parfois les enquêtes sont longues à mener, et les informations difficiles à vérifier par nos journalistes.... Surtout lorsqu’il s’agit d’une erreur militaire qui cause la mort de 50 gamins. Le 27 août pourtant, L’ONU confirmait la mort des enfants via ce communiqué si peu relayé par notre presse nationale :
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, a aujourd’hui exprimé sa grave préoccupation quant au lourd tribut payé par les victimes civiles, qui sont pour la plupart des enfants, lors du bombardement aérien, le 21 août, du district de Shindand dans la province d’Herat en Afghanistan. La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a publié une déclaration, hier, selon laquelle elle dispose de preuves tangibles attestant de la mort de 90 civils dont 60 enfants au cours de cette opération. La Représentante spéciale condamne fermement la mort d’un nombre important de civils, en particulier d’enfants, qui est une conséquence de l’escalade du conflit. Au cours de sa visite, elle évoqué le besoin de limiter de tels incidents avec l’aide des Forces internationales d’assistance à la sécurité (FIAS).
Pour ma part, je pleure ces enfants et je ne me résous pas à cette guerre qui n’en finit pas. De mon jardin languedocien, j’éprouve un immense chagrin non seulement à cause de ces vies innocentes sacrifiées mais aussi parce que je me dis que l’humain est vraiment le pire animal terrestre. J’ai honte pour nous, chers êtres civilisés, nous qui nous taisons et qui acceptons ces morts d’enfants sans frissonner, sans avoir envie d’hurler.
Dans ma tête pourtant la tragédie a bien eu lieu et ne me quitte plus Un village poussiéreux. Odeur âpre du sang, de la sueur et des armes à feu. Niche des terroristes. Fief des talibans. Silence, codes secrets, mots à voix basse. Femmes voilées, jeunes filles excisées, au nom de Dieu. Bêtise humaine. Je vois des gosses jouer à la guerre ou peut-être à pierre feuille puits. Gosses comme les autres. Au loin, un ou plusieurs avions. Tir éclaire. Tir ciblé. Bêtise humaine. Cris, pleurs, horreur. Au loin, un moteur d’avion se dissipe. C’est fini. 50 morts de moins de 15 ans, 20 adultes dont une majorité de femmes. Plus rien. Quatre lignes dans la presse pas plus.
Marie