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Marie Campagne

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29 août 2008

Une vie de soldat français vaut-elle plus qu’une vie d’enfant afghan ?

Soldats français morts à la guerre en Afghanistan. La presse se déchaîne. Familles en pleurs à la télé, Président en déplacement sur le terrain avec presse embarquée. 10 soldats morts et quelques jours plus tard 50 enfants de moins de 15 ans morts sous les tirs des forces de la coalition. 50 enfants morts sur la même terre que nos soldats et pas un mot dans la presse. Juste quelques brèves en quatre lignes du bout des lèvres. Pas de visite présidentielle pour les gosses, pas de gros titre ni de photos des mères en pleurs.

Cela se passait dans le village d’Azizabad dans le district de Shindand. Le 21 août, les forces de la coalition sous direction américaine cherchaient visiblement à venger la mort des soldats en tirant sur les terres où se réfugient les talibans. Frappe aérienne. Frappe chirurgicale.

50 enfants morts. Bouclier humain dévasté. Quelques talibans tués sous les cadavres de jeunes enfants.

Je n’arrive pas à comprendre ce silence. Monsieur Kouchner n’entend-il pas ces cris de mères afghanes en pleurs ? Pourquoi la presse ne fait-elle pas son boulot en titrant à la une que des civils sont tués par nos soldats ? Certes 10 soldats français sont morts mais 50 gosses ont péris de nos mains à nous occidentaux, nous qui acceptons ce silence ! 50 être humains qui ne s’étaient pas engagés aux dangers de la guerre, qui ne servaient pas leur patrie, qui ne touchaient pas d’argent du gouvernement. 50 êtres innocents ont explosé en pleine enfance sous le tir de nos avions et nous n’en parlons pas !!!!

Alors que le  président afghan Hamid Karzaï renvoyait le général chargé de cette frappe pour « négligence »,  Nathan Perry, porte parole de la coalition avouait ne pas avoir d’info précise  mais ouvrait une enquête...

Etrange comme parfois les enquêtes sont longues à mener, et les informations difficiles à vérifier par nos journalistes.... Surtout lorsqu’il s’agit d’une erreur militaire qui cause la mort de 50 gamins. Le 27 août pourtant, L’ONU confirmait la mort des enfants via ce communiqué si peu relayé par notre presse nationale :

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, a aujourd’hui exprimé sa grave préoccupation quant au lourd tribut payé par les victimes civiles, qui sont pour la plupart des enfants, lors du bombardement aérien, le 21 août, du district de Shindand dans la province d’Herat en Afghanistan.  La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a publié une déclaration, hier, selon laquelle elle dispose de preuves tangibles attestant de la mort de 90 civils dont 60 enfants au cours de cette opération.  La Représentante spéciale condamne fermement la mort d’un nombre important de civils, en particulier d’enfants, qui est une conséquence de l’escalade du conflit.  Au cours de sa visite, elle évoqué le besoin de limiter de tels incidents  avec l’aide des Forces internationales d’assistance à la sécurité (FIAS).

Pour ma part, je pleure ces enfants et je ne me résous pas à cette guerre qui n’en finit pas. De mon jardin languedocien, j’éprouve un immense chagrin non seulement à cause de ces vies innocentes sacrifiées mais aussi parce que je me dis que l’humain est vraiment le pire animal terrestre. J’ai honte pour nous, chers êtres civilisés, nous qui nous taisons et qui acceptons ces morts d’enfants sans frissonner, sans avoir envie d’hurler.

Dans ma tête pourtant la tragédie a bien eu lieu et ne me quitte plus Un village poussiéreux. Odeur âpre du sang, de la sueur et des armes à feu. Niche des terroristes. Fief des talibans. Silence, codes secrets, mots à voix basse. Femmes voilées, jeunes filles excisées, au nom de Dieu. Bêtise humaine. Je vois des gosses jouer à la guerre ou peut-être à pierre feuille puits. Gosses comme les autres. Au loin, un ou plusieurs avions. Tir éclaire. Tir ciblé. Bêtise humaine. Cris, pleurs, horreur. Au loin, un moteur d’avion se dissipe. C’est fini. 50 morts de moins de 15 ans, 20 adultes dont une majorité de femmes. Plus rien. Quatre lignes dans la presse pas plus.

Marie

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28 juillet 2008

Ces fêtes païennes qui nous reliaient au sacré

Feux_st_jean_6A Paris et dans la plupart des grandes métropoles, les coutumes ont pratiquement disparu. Adieu, Roi Carnaval, fêtes de la St Jean, fête du baiser, du solstice d'hiver... A Paris, le folklore n'est plus que pour le touriste, et il est exclusivement commercial. Le parisien a perdu ses racines, ses bals de quartiers et tous ces rendez-vous festifs religieux ou païens qui venaient rythmer l'année et nous donner l'occasion de se réunir dans la joie, la bonne humeur et souvent hors des clivages sociaux.

Feux_st_jean_2   Feux_st_jean_3   Feux__st_jean_4

En province, ces reliques de la convivialité populaire survivent encore. J'ai ainsi pu découvrir le plaisir d'une moule-saucisse de village à la St Jean. On fête le solstice d'été en sautant au dessus d'un feu infernal, de 8 à 88 ans. Ca paraît stupide, vu de l'extérieur. En fait, on a d'abord la trouille de se cramer les orteilles, voir de s'immoler sur l'autel des liesses populaires, tout cela à cause d'une robette en matière synthétique made in China, pas cher mais hyper inflammable. Au début, l'étranger a la peur du débutant devant ce rite tribal exotique . Les parents "otochtones " eux encouragent excessivement leur progéniture, faisant de cette tradition une étape nécessaire à l'éducation. Tu seras un homme mon fils ! Saute-moi ce satané feux ! Le fils des Roquette a déjà sauté lui ! Allez bon sang, ne soit pas poltron! Et très vite commencent alors les engueulades de couple. - Tu vois, à force de l'élever dans tes jupes, ce petit a peur de tout. Le fils des Roquette a déjà sauté lui ! Résultat : tout le monde finit par sauter et une odeur de cochon grillé se répand peu à peu sur la place du village. Sourcil, tenis, cheveux... sentent le roussi mais on a tellement ri. Feux_st_jean_7

C'est vrai qu'on se sent fier en sautant au dessus du feu de la St Jean, complètement couillon mais fier. Surtout quand on est femme. Ce genre d'exploits étant généralement réservés aux hommes, les participantes sont encore aujourd'hui timides. Est-ce que je garde ma dignité de femme bien sous tout rapport si je saute ? N'est-ce pas un tantinet masculin ? Le machisme est toujours bien ancré dans nos contrées sans béton, comme si la terre régénérait de générations en générations cet asservissement de la femme par l'homme. Du composte pour le mâle ordinaire. Peu de femmes en terrasse de bistrot à la campagne : ça fait mauvais genre. Ici aussi, sur la place du village les femmes restent discrètes, timorées ou coincées. J'ai sauté. Une ou deux jeunes femmes aussi, au milieu des enfants et des hommes. Ca fait du bien de remettre du corps dans le social, du sacré dans le profane, et se sentir plus léger, plus heureuse au sortir d'une simple fête de village.

17 juillet 2008

Bienvenue à Margon

feuille

Je m'appelle Marie Campagne et je n'aime plus Paris comme le chante le beau Dutronc fils. Avant j'étais comme vous une fana du bitume, des terrasses de café en bord de Seine, des petits noirs sur le zinc. Avant je faisais du shopping entre midi et deux, voir aussi après 18. Je me prenais pour le centre du monde. Avant je détestais les ploucs et tout ce qui se passait sous la ceinture, la petite et la grande. Avant j'étais une vraie parisienne, une pimbèche tallonnée, fumeuse et agitée. Une femme branchée qui se la pétait l'été sur les plages, pensant que Made in Paris était tatoué sur son cul. Une belle racaille de St Germain des prés. Ce genre de pépette à acheter bio mais mangeant de la viande deux fois par jour (il faut 3000 litres d'eau pour 1kg de boeuf dans l'assiette) et prenant des bains tous les soirs. Avant j'étais comme vous, je vous dis, une intégriste élitiste consumériste, uniquement encartée à la RATP.

Et puis un jour j'ai franchi la frontière. J'ai piqué une crise. J'en ai eu marre de respirer en noir et gris et de ne pas avoir d'autre rapport avec la nature qu'une passe estivale entre juillet et août. Un jour j'ai mis les voiles brutalement,  avec enfants et mari et j'ai attéri en très grande banlieue. 900 km au sud est de la Capitale, entre Montpellier et Béziers, pas à Caracas, non, ni à St Jean de Védas mais plutôt vers Pézenas, au pays de Boby Lapointe.

J'ai attérri à Margon, 500 habitants, un petit village de carte postale avec château médiéval, hectares de vignes, vue dégagée sur le Thongue et les plateaux du Haut Languedoc. Un matin j'ai entendu les crapauds et les cigales et ma vie a commencé à ressembler à quelque chose. J'ai mis 35 ans à regarder le ciel deux fois par jour. La route fut longue mais aujourd'hui mon exil me porte vers  une pensée sans frontière. Ce blog me permettra de vous parler de cette autre façon de vivre, loin des villes, loin des centres commerciaux, proches des artistes indépendants et de tous les gens qui ne sont pas dans Voici, People, Paris Match ni Ici Paris. Bienvenue sur le blog de Marie Campagne, une terre qui veut rester étrangère au dictat culturel, économique et social des zones urbaines. Un blog d'exil, de nomadisme, de tri sélectif artistique et sensoriel.   
Marie Campagne.

16 juillet 2008

Peter Von Poelh

l_7701193aa108d82f67da53869ae46256Peter Poehl live. Le Suédois vient de signer les mélodies du dernier excellent album de Marie Modiano (sa chère et tendre), on attend avec impatience son prochain album après le très beau Going to where the tea trees are. Pour patienter, on a pu l'écouter lors d'un concert en France et tout cela à plus de 850 km de Paris ! Un vrai bonheur, la vie de campagne, je vous le confirme. L'artiste voyageur  a su nous emporter dans son univers et créer une qualité d’écoute rare. Sobre, élégante, la pop du jeune auteur-compositeur nous a rapidement fait planer,  sans artifice, en douceur, dans un son mat et profond. Les arrangements dépouillés des chansons, sa présence délicate et naturelle ont suffi à créer une intimité, celle d’un jeune artiste “étranger” nous parlant,  avec une maladresse touchante, de sa vision de la France “chez vous, il y a une chouette tradition, d’accueillir des gens venus du monde entier, pour qu’ils passent un moment avec vous, un moment plus ou moins long, ne perdez pas cette chouette tradition”. On est resté conquis par la grâce de l’artiste qui, outre d’avoir une voix “habitée”, un vrai talent de mélodiste, distille un point de vue politique européen sur notre douce France qui visiblement, vue de l’extérieur, commence à sentir le rance... On se sent honteux et c’est tant mieux.

Un artiste qu'on adore. Découvrez une maquette d'un titre de son prochain album May Day sur son site.

www.petervonpoehl.com

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Marie Campagne
  • Il y a une vie ailleurs qu'à Paris ! Chroniques naturalistes et anecdotiques d'une néo-rurale. Artistes d'ici et d'ailleurs et autres points de vue sur la planète, les crapauds buffles, le Chardonay, Peter Von Poelh,Tchekhov et les autres...
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